Skip to main content

La démocratie sud-africaine doit dépendre de l’engagement des jeunes

La semaine dernière, le président Biden a accueilli le président kenyan William Ruto pour un dîner d’État, sa deuxième visite dans le bureau ovale avec un dirigeant africain. Bien qu’il n’ait pas encore tenu sa promesse de visiter le continent et qu’il ait affirmé que « les États-Unis s’intéressent de près à l’Afrique », son administration a négligé de donner la priorité aux questions africaines alors qu’elle navigue dans les conflits et la concurrence au Moyen-Orient, en Europe et dans la région indo-pacifique. Alors que les États-Unis et la communauté internationale évaluent l’avenir de la démocratie au cours d’une année d’élections monumentales, ils doivent prêter attention aux prochaines élections en Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud, qui possède l’économie la plus avancée et la constitution la plus progressiste du continent, se trouve à un tournant majeur. Le 29 mai, ils tiendront leur septième élection depuis la fin de l’apartheid et l’avènement du suffrage universel. Le Congrès national africain, dirigé à l’origine par Nelson Mandela et l’organisation la plus importante dans la lutte contre l’apartheid, dispose d’une majorité parlementaire depuis les élections multiraciales de 1994. L’ANC semble sur le point de perdre cette majorité si l’on en croit les sondages et les résultats désastreux obtenus lors des élections municipales de 2021. La génération « Born Free », celle qui est née après l’apartheid, est confrontée aux conséquences historiques d’une nation assiégée par l’autoritarisme racial, à travers les défis économiques, politiques et fonctionnels qu’elle doit relever aujourd’hui. Cette élection pourrait bien être un indicateur pour le monde entier, qui verra si les jeunes et leur engagement peuvent raviver la démocratie et répondre aux besoins de leur nation.

L’Afrique du Sud a le taux de chômage officiel le plus élevé au monde, soit 33 %. L’Afrique du Sud est également le pays où l’inégalité des richesses est la plus forte au monde. Ces charges sont en grande partie supportées par les jeunes Sud-Africains noirs. Pourtant, l’Afrique du Sud est encore souvent considérée comme l’économie la plus avancée d’Afrique. À Johannesburg et au Cap, des appartements flambant neufs et des centres commerciaux étincelants coexistent avec des « townships » ressemblant à des bidonvilles, comme Soweto et Khayelitsha, connus pour leur criminalité et leur pauvreté endémiques. Pendant ce temps, les jeunes restent chez eux, cherchant désespérément du travail ou renonçant totalement à en trouver. Le taux de chômage atteint 71 % pour les 15-24 ans, y compris ceux qui ont cessé de chercher du travail. Toute une génération qui grandit dans la promesse d’une nation libre et prospère voit la richesse et n’en gagne aucune.

La corruption généralisée au sein de l’ANC, en particulier sous la direction de l’ancien président Jacob Zuma, a encore affaibli la confiance dans la démocratie sud-africaine, en particulier chez les jeunes. Par exemple, Eskom, la compagnie d’électricité gérée par l’État, n’est pas en mesure de remplir sa fonction de base. Eskom est obligée de recourir à des coupures de courant tournantes, appelées « délestage », pour empêcher l’effondrement du réseau électrique inadéquat. Ces pannes ont décimé les entreprises et ont encore plus nui à l’économie. Zuma a confié les contrats d’Eskom à ses associés, qui ont mal géré l’entreprise tout en en tirant d’immenses profits. M. Zuma lui-même n’a pas le droit de se présenter à cette élection après avoir été condamné pour outrage au tribunal pour avoir refusé de témoigner dans le cadre d’une enquête sur la corruption au cours de son administration. La corruption au sein d’Eskom et la façon dont l’ANC de Zuma a dirigé Eskom ont transformé un système électrique vital en un fléau quotidien pour les Sud-Africains.

Cette confluence de facteurs a provoqué le désengagement des jeunes. Les jeunes Sud-Africains ne croient pas que le gouvernement puisse ou veuille résoudre leurs problèmes. Ces problèmes comprennent la fourniture de services de base, la lutte contre le chômage et la xénophobie. Le système politique sud-africain n’est pas propice à la participation des jeunes. Les jeunes Sud-Africains n’ont pas l’impression que les droits pour lesquels leurs ancêtres se sont battus sous le régime de l’apartheid seront à l’origine de l’avenir qu’ils souhaitent. Ils n’ont pas confiance en leur gouvernement et, à bien des égards, on ne leur a pas donné de raison de le faire.

Nous observons des tendances tout aussi inquiétantes en ce qui concerne le désengagement politique des jeunes aux États-Unis. Une enquête de l’université de Tufts a montré que les jeunes Américains ne croient pas que le gouvernement prenne des mesures sur les questions qui les préoccupent. Ils ont exprimé un manque de confiance dans la démocratie, mais un espoir dans son potentiel. Une grande partie d’entre eux estiment également que « le pays ne tient pas ses promesses de liberté et d’équité ». Les États-Unis et l’Afrique du Sud, dans leurs formes politiques modernes, ont été fondés sur des idéaux fondamentaux de démocratie, de liberté et de justice, mais leurs jeunes ne voient pas ces idéaux se concrétiser. Cela a un impact direct sur leur engagement dans le processus politique.

À l’heure où d’autres grandes puissances (le Mexique, l’Union européenne et le Royaume-Uni) organisent des élections décisives dans le courant de l’année, l’Afrique du Sud pourrait indiquer si le pouvoir de l’héritage démocratique reste suffisamment fort pour assurer le pouvoir électoral et résoudre les problèmes cruciaux qui se posent dans le pays et dans le monde. La démocratie sud-africaine risque d’échouer si elle ne s’engage que dans le passé, car le succès de la démocratie sud-africaine dépendra de l’engagement des jeunes. Le taux de participation des jeunes dans la « nation arc-en-ciel » sera un baromètre important pour savoir si la prochaine génération, en Afrique et dans le monde entier, considère la démocratie comme un système qui fonctionne avec elle et pour elle.

DISCLAIMER: McCain Institute is a nonpartisan organization that is part of Arizona State University. The views expressed in this blog are solely those of the author and do not represent an opinion of the McCain Institute.

Author
Pat O'Connor, Coordinateur de programme pour les opérations, McCain Institute
Publish Date
mai 28, 2024
Type
Tags
Share